Avec ses vastes étendues de montagnes et de vallées accidentées, l’Afghanistan est un terrain d’intervention extrêmement problématique pour les forces alliées déployées depuis quelques années dans la région. L’une des principales difficultés est l’effet de la topographie sur les moyens de communication : en effet, en bloquant le signal les montagnes rendent souvent les liaisons radio HF ou V/UHF classiques tout simplement impossibles.
Le retour d’information du théâtre des opérations l’a confirmé : des véhicules et des unités peuvent se retrouver fortement exposés à cause des « zones blanches » qui les empêchent de communiquer les uns avec les autres et les privent potentiellement de tout appui ou secours.
C’est ce qui a conduit en 2009 le ministère français de la Défense à adresser à Thales une urgence opérationnelle (UOR ou Urgent Operational Requirement) : développer et déployer le plus rapidement possible une liaison capable de rester en permanence connectée et fiable sur de longues distances quelles que soient les circonstances.
La solution envisagée était d'intégrer dans les véhicules blindés une liaison utilisant les satellites pour relayer la connexion. On aurait ainsi en permanence un signal clair et sûr, quelle que soit la nature du terrain – même lors du déplacement du véhicule à la vitesse maximale.
Cela faisait plusieurs années que « Satcom On-The-Move » était un objet de recherche pour Thales et plusieurs partenaires (Thales menait depuis 2004 un programme autofinancé dans ce domaine et l'administration française avait passé commande d’études en 2008). L'UOR est venue donner une nouvelle impulsion et un coup d’accélération à ce programme.
Thales a conjugué son expertise dans plusieurs domaines, notamment les systèmes de satellites militaires de grande envergure comme Syracuse, Sicral et Yahsat, son expérience du déploiement de systèmes de télécommunications sécurisés et protégés contre le brouillage pour les forces de l'ISAF, ainsi que sa connaissance des radars AESA (radars à antenne active à balayage électronique).
L'une des plus grosses difficultés rencontrées, quand les véhicules blindés se déplacent en terrain accidenté, est d’assurer en permanence la stabilité du terminal émetteur et de le maintenir pointé vers le satellite.
La solution finalement imaginée a été la technologie de gyrostabilisation, avec systèmes d’orientation hybrides (mécanique/électronique) du faisceau fonctionnant en parfaite symbiose les uns avec les autres, afin que le faisceau reste pointé vers le satellite quelle que soit la topographie du terrain.
Il n’a pas fallu plus de dix mois à Thales pour trouver la solution : VENUS, « Satcom On-The-Move ». Les dix unités déployées en Afghanistan ont contribué à dissiper le « brouillard de la guerre », offrant ainsi aux soldats des conditions optimales de sécurité et de communication.
Utilisée ensuite par les forces françaises dans d’autres conflits (notamment en Iraq, en Centrafrique et au Mali), la solution VENUS est devenue un incontournable des missions opérationnelles.
Aujourd'hui, à peine dix ans après, Thales est fier de déployer la nouvelle génération de liaisons « Satcom On-The-Move » (un nouveau lot de 20 unités a été commandé en 2016). Grâce aux avancées de la technologie des satellites et au retour de terrain sur les unités initiales, les nouvelles liaisons VENUS sont encore plus performantes. Elles ont une portée de plusieurs milliers de kilomètres, ce qui permet aux soldats déployés sur le terrain d'être en communication directe avec le QG stratégique de leur pays. Elles peuvent également être utilisées comme nœuds de réseau de télécommunication : l’unité VENUS sert alors de « hub », auquel toutes les forces alliées des alentours peuvent se connecter et agréger leurs communications.