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Drones du futur – opérer en autonomie au-delà des lignes ennemies

Une fois encore, nous assistons à un bouleversement majeur du contexte stratégique international. Alors que le terrorisme a marqué la première décennie du XXIe siècle, donnant lieu à de nouveaux développements et approvisionnements en matière de défense, axés en grande partie sur un type de combat asymétrique, la résurgence de l’affrontement idéologique entre les grandes puissances a redéfini les grandes lignes du paysage géopolitique et stratégique au cours des deux dernières décennies. La menace terroriste, toujours prégnante, s’inscrit aujourd’hui dans un schéma parallèle aux confrontations entre pairs ou quasi-pairs. 

Pour les forces armées, cette évolution se traduit par des combats de haute intensité, caractérisés par une fenêtre d’opportunité toujours plus réduite pour prendre les bonnes décisions. Avec des adversaires revendiquant des niveaux similaires de maturité technologique, les menaces sont plus rapides, plus furtives et plus diversifiées que jamais. Dans ce contexte, les drones jouent un rôle de plus en plus important pour faire basculer l’équilibre des forces d’un côté ou de l’autre. Pour maintenir un avantage tactique, les nations devront donc démontrer leur aptitude à concevoir, développer et produire rapidement ce type de systèmes.

Thales a tiré profit de ses nombreuses années d’expérience et d’étroite collaboration avec ses clients, ses fournisseurs et nombre d’innovateurs français de premier plan dans les technologies de pointe, pour développer sa gamme de mini drones et de mini drones tactiques Spy’Ranger 330 et Spy'Ranger 550. 
 
L’émergence des conflits de haute intensité 

La collecte de renseignements est aujourd’hui cruciale pour acquérir et conserver un avantage tactique sur le champ de bataille. Un autre élément clé des combats de haute intensité est l’aptitude à empêcher l’adversaire d’accéder à des zones critiques. Qu’il s’agisse de détruire des infrastructures vitales – ponts, pistes d’aéroports, etc. –, ou de mettre en œuvre des opérations d’obstruction et de brouillage des communications faisant appel aux drones et à la guerre électronique, la collecte du renseignement devient un enjeu majeur et un vecteur de suprématie déterminant et critique. 

Dans ce contexte, les drones tactiques légers devraient en toute logique jouer un rôle central. « La problématique clé pour le développement de ces systèmes ne sera pas tant leur capacité à survivre dans des zones interdites, mais leur aptitude à opérer le plus efficacement possible au cœur de celles-ci », note Pascal Sécretin, directeur en charge de la ligne de produits Imageurs et Capteurs chez Thales.  Un drone de Moyenne Altitude et Moyenne Andurance MAME (système de drone tactique léger - SDTL)  devra présenter certaines caractéristiques très spécifiques.  

Capter les différents aspects de la menace 

« L’une des principales demandes des clients dans la préparation des opérations avec des drones, et dans le contexte de conflits de haute intensité, est l’aptitude de ces engins à intégrer des charges utiles multiples », explique Yann Gérard, directeur stratégie et marketing au sein de la business line Optronique et Electronique de Missiles, Thales. 

Dans le contexte des missions ISR (renseignement, surveillance et reconnaissance), la capacité à couvrir un angle beaucoup plus large avec les systèmes optroniques est l’une des exigences clés auxquelles devra répondre le système SDTL/MAME. Afin de brosser un tableau complet de la menace, au-delà des lignes ennemies, d’autres charges utiles telles que des radars ou des capteurs COMINT (Communications Intelligence) devront également être opérées depuis le SDTL. 

Les drones seront également utilisés pour frapper des objectifs ennemis, permettant ainsi d’assurer la sécurité des personnels maintenus à bonne distance de l’adversaire. "A court terme, cela devrait traduire par l’intégration d’un désignateur laser, utilisé en lien avec une plateforme dotée d’un équipage – un avion de combat, par exemple –, qui sera chargée d’effectuer la frappe. L’intégration d’armes à bord des drones, comme les munitions téléopérées doit être envisagée », souligne Pascal Sécretin. Avec la nécessité de maintenir l’homme dans la boucle pour prendre la décision de frappe, des communications fiables et sans faille doivent également être maintenues en permanence.  

L'autonomie en territoire ennemi 

L’utilisation de capteurs s’impose non seulement en raison du type de missions que le SDTL devra mener à bien, mais aussi parce qu’ils devront également jouer un rôle prépondérant dans l’autonomie des futurs drones. « Le SDTL devra offrir un haut niveau d’autonomie pour opérer avec efficacité au-delà des lignes ennemies  et accomplir sa mission malgré l'environnement contesté de haute intensité », fait observer Gilles Labit, Directeur du département drones militaires chez Thales. 

Dans ce contexte, l’autonomie représentera beaucoup plus que la simple capacité à voler sans devoir être piloté à distance. Dans un environnement où divers obstacles physiques et électromagnétiques sont mis en œuvre pour empêcher l’accès à une zone ou à un territoire, l’aptitude à continuer la navigation, lorsque les capacités GPS et autres formes de communication et de navigation sont brouillées, sera un facteur déterminant. Cela impliquera l’intégration à bord du futur drone de systèmes de navigation inertielle, avec une  capacité à calculer précisément la localisation du système par triangulation, grâce aux données collectées par les différents capteurs et dispositifs. 

L’autonomie au-delà des lignes ennemies est également synonyme de portée. Pour recueillir des renseignements utilisables, ces systèmes doivent être capables de continuer à survoler le territoire interdit. « Une partie importante des recherches porte actuellement sur le type de propulsion le mieux adapté pour optimiser la portée et l’autonomie des drones, porteurs d’une charge utile encore plus importante », ajoute Gilles Labit. En raison des exigences de furtivité du SDTL, une solution hybride serait probablement la mieux adaptée à ces besoins opérationnels. Cela pourrait donc être un système hybride thermique-électrique, ou un compromis entre le thermique et une pile à combustible (hydrogène). Ce type de propulsion permettrait notamment au SDTL de voler en toute furtivité lorsque les conditions l’exigent. 

Pour mener à bien des missions en totale autonomie, le SDTL devra également être en mesure de détecter les éventuelles opérations de brouillage mises en œuvre par l’adversaire pour empêcher son bon fonctionnement. L’introduction de l’intelligence artificielle (IA) jouera un rôle significatif dans ce contexte, en conférant à ces systèmes la capacité de détecter des données incohérentes par rapport à la mission qui leur est assignée, avec la situation réelle en cours et/ou avec leur mode opératoire normal. 

La simplicité opérationnelle 

« Les drones du futur ne seront pas nécessairement mis en œuvre par des personnels dédiés et expérimentés », prédit Gilles Labit. Ce sont les soldats, à tous les niveaux, dans des environnements complexes et stressants qui devront les utiliser. « La tendance actuelle penche donc vers la fabrication de systèmes aussi simples que possible à utiliser pour garder le soldat concentrer sur sa mission et non sur le pilotage »

La simplicité commence avec l’aptitude à déployer ces systèmes sur des théâtres d’opération où l’accès a été dénié en détruisant les infrastructures de base. Lorsque les pistes des aérodromes, le système routier et/ou le relief ne permettent pas un décollage sur une distance appropriée, les systèmes qui offriront des capacités de décollage et atterrissage vertical seront probablement une réponse adaptée. 

La simplicité implique également la capacité à présenter avec clarté des informations clés. Les conflits de haute intensité se dérouleront dans des environnements fortement saturés, où les multiples capteurs permettront de collecter d’importants volumes de données. Dans ce contexte, l’intelligence artificielle jouera un rôle clé, en permettant de traiter rapidement les informations pour réduire le brouillage ambiant naturel et présenter uniquement des informations exploitables, via une interface homme-machine suffisamment simple pour faciliter la prise de décision dans les situations à haut niveau de stress et la collaboration avec les systèmes habités et non habités (Manned and Unmanned Systems - MUM-T)

L’indispensable planification 

« Le nouveau système doit être développé en partant d’une solide analyse des besoins opérationnels », précise Pascal Sécretin. Fort de l’expérience acquise à l’occasion du développement, de la production et de la fourniture du mini-drone de reconnaissance Spy’Ranger 330 pour les forces terrestres françaises, Thales bénéficie aujourd’hui d’une avance confortable dans ce processus. 

Au cours des cinq dernières années, Thales a travaillé en étroite collaboration avec les forces armées françaises et avec la DGA pour fournir le système Spy’Ranger. Deux éléments clés sont au cœur de la réussite que connaît ce système de drone, et qui pourraient bien constituer la base du futur SDTL. Thales a en effet créé un solide écosystème national en matière de drones, avec un réseau d'entreprises offrant différents types d’expérience et d’expertise sur lesquelles il est possible de s’appuyer, avec une possible expansion dans l’avenir, pour développer les futurs drones tactiques légers. 

En février 2022, le système Spy’Ranger a officiellement acquis sa certification STANAG 4703, attestant de la sûreté et de la fiabilité du système, qui peut maintenant être aisément déployé et opéré par les forces armées sans autorisation spécifique. Cela signifie également que Thales et son réseau ont développé une solide expertise dans la conformité aux exigences réglementaires les plus strictes, grâce également à la régularité du travail mené aux côtés de la DGA. « La collaboration étroite que nous avons établie en vue d’obtenir cette certification a permis d’établir un climat de confiance entre les partenaires et permettra à Thales de répéter ce processus beaucoup plus rapidement à l’occasion d’une prochaine opportunité », note Gilles Labit. 

Plus qu’un système, un écosystème

« Il faut reconnaître qu’il n’est pas très simple de maîtriser la troisième dimension que représentent les drones sur le champ de bataille », conclut Yann Gérard. « Notre principale préoccupation chez Thales consiste à comprendre comment profiter de notre expérience pour assurer un soutien adéquat à nos clients. » Une expérience qui s’étend bien au-delà du développement de systèmes tels que Spy’Ranger. Elle inclut l’ensemble de l’écosystème que Thales a contribué à tisser en France pour assurer la conception, le développement, la production et la gestion du trafic des drones, tant dans le domaine civil que militaire.  

L'avenir et au-delà .. 

Alors que le champ de bataille continue d'augmenter en complexité et en intensité, Thales continuera à fournir des solutions et des services au cœur même des combats. En améliorant continuellement les capteurs, comme les charges utiles IMINT (Imagery Intelligence) et SIGINT/COMINT (Signal and Communication Intelligence), Thales contribue à accélérer la boucle OODA (Observer - Orienter - Décider - Agir) vitale dans les combats de haute intensité. Depuis 2022, Thales a entamé le développement d'un nouveau système de drone, une munition téléopérée, afin d'équiper les pays français et étrangers de cette nouvelle arme qui change la donne sur le champ de bataille. Enfin, Thales développe des algorithmes spécifiques pour adresser des essaims de drones homogènes ou hétérogènes associant des drones de première ligne de nouvelle génération et des munitions itinérantes.