Interview de Jean-Jacques Guittard dans la revue IHEDN

La revue IHEDN* a interviewé Jean-Jacques Guittard (Vice-Président de la Business Line Microwave and Imaging Sub-Systems). Nous vous proposons de la retrouver ci-dessous.

*IHEDN - Établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier ministre, l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) a pour mission de développer l’esprit de défense et de sensibiliser aux questions internationales. Il s’adresse à un large public de civils et de militaires, français et étrangers.

Quelques mots sur votre parcours…

Vous êtes diplômé de Supélec promotion 1982, et avez débuté votre carrière chez Matra en tant qu’Ingénieur d’Etudes chargé de réaliser des essais en vol sur les autodirecteurs de missiles. Vous prenez ensuite en charge la maîtrise d’œuvre de programmes missiles, particulièrement dans le cadre du Rafale. Vous rejoignez Thales en 1991 (alors Thomson-CSF) où vous occupez successivement des fonctions de direction dans les domaines des Communications Aéronautiques et Navales, Optroniques et Autodirecteurs, puis Simulations avant d’arriver à votre poste actuel. Ajoutons que vous êtes officier de Marine de réserve et avez aussi suivi un cycle de l’IHEDN.

Pourriez-vous définir succinctement ce que représente votre activité dans le domaine des hyperfréquences ?

 

Nous sommes un des leaders mondiaux de l’Amplification de Puissance RF et Hyperfréquence (tubes et amplificateurs) et leader mondial pour les applications spatiales en particulier Télécom, GNSS, mais aussi Observation et d’Exploration. Nos solutions d’émission vont de centaines de Watts au MegaWatt pour des fréquences allant de 1 à 200 GHz ! La confiance de nos clients tient à notre capacité à fournir dans la durée des solutions optimales en termes de débits, en regard de l’énergie disponible à bord, ainsi qu’à la qualité et la fiabilité de nos produits. Nous avons un savoir-faire unique que nous devons préserver.

Combien de tubes avez-vous en orbite ?

 

Près de 20000 tubes électroniques Thales ont été lancés en orbite ou sur des sondes scientifiques, pour des bandes de fréquences de 1 à 32 GHz (et bientôt au-delà de 40 GHz). Notre activité couvre aussi le segment sol des télécommunications spatiales, dont les plus grosses stations. L’encombrement et le partage du spectre poussent à l’utilisation de fréquences élevées. Une pointe d’activité significative est en cours sur les bandes Ka civile et militaire, et l’on voit venir un marché sur la bande V (50GHz). Sur ces activités Spatiales, nous avons le soutien du CNES (et de l’ESA) en termes d’études et d‘échanges sur l’évolution des marchés.

Et dans le domaine de la Défense quels sont vos activités ?

 

Les activités Défense sont aujourd’hui portées par :
- les radars, essentiellement à l’export ou en MCO France
- les brouilleurs, en retrofit et à l’export
- les autodirecteurs de missiles, en production et en développement (Aster B1NT)
- les liaisons de données (missiles, reco)

Selon les clients et les marchés, nous fournissons les composants critiques (tubes électroniques à vide) ou des émetteurs complets, avec les engagements de soutien appropriés.

Comment voyez-vous l’avenir de ces activités ? Quelle stratégie entendez-vous mettre en œuvre ?

 

Nous devons maintenir et développer nos compétences afin de répondre à nos principaux enjeux :
- accompagner la montée des usages vers des fréquences plus élevées, et utiliser la capacité de nos technologies à y répondre efficacement,
- augmenter la puissance de sortie RF de nos solutions,
- élargir significativement les bases technologiques de notre offre, en particulier avec des produits 100 % État Solide.

Saisir aussi des opportunités structurantes pour l’avenir. Par exemple dans le cas de la Guerre Electronique et l’usage de fortes puissances RF, lutte anti drone, attaque électronique, aveuglement électromagnétique, et bien sûr armes à énergie dirigée (EM). Autant de sujets qui reviennent sur le devant de la scène au fil des évènements internationaux récents.