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Thales et Airbus, le doublé industriel gagnant de la cartographie militaire

Pour réussir leurs missions en zone sensible, les forces armées françaises s’appuient sur des cartes géographiques numériques de haute précision. Interopérables, elles renseignent depuis n’importe quel terminal sur la topographie des lieux et les obstacles éventuels à différentes échelles : pays, régions et villes.
Lancé en 2016 par l’IGN, l’Institut national de l'information géographique et forestière, le marché Geomaps a été attribué au groupement Thales - Airbus. Les deux industriels sont en charge de l’ensemble du processus pour livrer des produits de qualité.
Le groupement était déjà titulaire du marché précédent Topobase. En lui renouvelant sa confiance, l’IGN, qui agit pour le compte de la Direction Générale de l’Armement (DGA), a misé sur l’expérience et le savoir-faire accumulés au fil des années. Des atouts précieux dans un domaine qui en exige justement beaucoup.

L’expertise humaine au cœur du projet

La production de ces cartes est un processus complexe qui nécessite plusieurs étapes :

  • Acquérir les images du sol. Les satellites Pléïades d’Airbus fournissent des images de très haute définition dans le cadre d’un autre marché piloté par l’IGN et Airbus Defense and Space, Geosocle. Elles constituent le socle  à partir duquel seront réalisées les cartes
  • Définir les surfaces à cartographier. C’est le rôle du centre de commandement interarmées français
  • Déterminer les éléments à représenter. À travers des sources confidentielles ou publiques dont la fiabilité est contrôlée minutieusement, les opérateurs identifient les objets sensibles : sites militaires ou administratifs, écoles, centrales électriques … Ils relèvent aussi les obstacles que les soldats peuvent rencontrer : piste difficilement praticable, remblais, pont en construction…
  • Interpréter les images. Il s’agit de vérifier que les images ne sont pas rendues inexploitables par de mauvaises conditions météo au moment de la prise de vue satellitaire. Il faut aussi s’assurer qu’elles ne sont pas devenues obsolètes, suite à un bombardement par exemple
  • Produire. Des opérateurs spécialisés produisent les éléments graphiques à représenter sur la carte : réseau fluvial et routier, villes, bâtiments… Mais attention ! En fonction de sa longueur un fleuve ne sera pas dessiné de la même façon. C’est donc un travail qui nécessite un référentiel très précis
  • Qualifier. La conformité de la « base vecteur » obtenue est contrôlée une dernière fois. Elle devient ensuite une carte au format numérique

Pour obtenir les meilleurs résultats, Thales et Airbus ont constitué un écosystème de PME spécialisées. Avec les équipes des deux industriels installées sur le site de Thales à Vélizy, Geomaps mobilise 120 collaborateurs au total. Des spécialistes en géographie pour la plupart.
Car au-delà des technologies déployées, c’est l’expertise humaine qui garantit la qualité du produit final. C’est elle qui permet de faire les choix nécessaires pour s’assurer que les cartes soient à la fois très précises tout en restant lisibles et faciles à manipuler.

Réduire les délais, un enjeu majeur pour les années à venir

« Les retours reçus de la part des militaires qui utilisent nos cartes sont très positifs », s’enorgueillit le  chef de projet Geomaps chez Thales. « Nous avons aussi présenté nos cartes au Multinational Geospatial Co-Production Program (MGCP), un organisme géographique international, dont les représentants se sont déclarés plutôt admiratifs du travail effectué par la France. »
Le MGCP a notamment pour mission de favoriser la mise en commun des cartes produites par ses 32 pays membres, dont la France. Un bon moyen d’optimiser les coûts mais surtout de réduire les délais de mise à disposition des cartes aux forces en opération.
Car la production des cartes demande du temps : entre 12 et 18 mois environ, un délai qui augmente le risque d’obsolescence des données. Thales et Airbus sont parvenus à le réduire en partie en optimisant les procédés de travail mais la méthode a ses limites.
Deux pistes peuvent permettre de changer la donne :

  • La mise à jour de carte. C’est un procédé industriel qui peut être automatisé et donc faire gagner du temps par rapport à une création complète.
  • L’intelligence artificielle (IA). Elle pourrait être particulièrement utile dans la photo interprétation. L’IA est capable par exemple de détecter et d’interpréter automatiquement les bâtiments, les véhicules ou encore les ombres.

Les cartes du futur seront donc toujours plus complètes, précises et ergonomiques. Un défi pour Thales et Airbus qui disposent des meilleurs atouts pour le relever : la maîtrise des technologies et une équipe d’experts aguerrie par des années d’expérience.