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Les chercheurs de Thales : Daniel Brooks

Après avoir travaillé durant trois ans sur une thèse financée par Thales, Daniel Brooks a rejoint le département R&D du centre de Limours, dédié aux radars et à la surveillance aérienne. Il nous raconte pourquoi il a selon lui trouvé « le bon équilibre entre la recherche et les enjeux industriels ».

Si la moitié des avions atterrissent et décollent à chaque instant partout dans le monde dans d’excellentes conditions de sécurité, c’est notamment grâce à Thales. Et plus particulièrement grâce aux technologies que le Groupe développe à Limours, dans l’Essonne. Implanté en 1957 au-dessus d’une vallée, le centre accueille aujourd’hui plus d’un millier de salariés chargés de développer et d’intégrer des radars de surveillance et de défense aérienne. Daniel Brooks en fait partie depuis maintenant quatre ans, dont trois en tant qu’étudiant-chercheur. À 29 ans, il est aujourd’hui ingénieur amont IA au sein de l’ARC (Advanced Radars Concepts). « Il s’agit d’un département de R&D qui propose de nouveaux outils algorithmiques ou des interfaces de simulation pour les BU du Groupe qui conçoivent les produits, que ce soient les radars GMR (système mobiles), MFR (multifonctions) ou autres. » 

Trouver des applications industrielles

Après un parcours classique (prépa Maths Sup Maths Spé, école d’ingénieurs télécom), le jeune chercheur a suivi un double diplôme de master de recherche avec l’ENS Cachan, et a enchaîné sur une thèse qu’il a réalisée au sein même de Thales. Le titre de son grand œuvre ? « Apprentissage profond et géométrie de l’information pour la classification des séries temporelles ». Derrière cet intitulé un peu obscur se cache une nouvelle méthode pour appréhender de manière plus précise les drones, qui sont difficiles à détecter à longue distance avec les techniques classiques en raison de leur petite taille et de leur faible vitesse : les systèmes de radiofréquence les confondent en effet régulièrement avec d’autres échos mobiles comme ceux des véhicules terrestres, des turbulences de l’atmosphère, ou même des battements d’ailes des oiseaux. « Je n’ai pas défini moi-même la thématique : elle m’a été suggérée par Thales en collaboration avec le laboratoire MLIA [Machine Learning and Information Access], qui dépend du LIP6 de l’Université de la Sorbonne. Mais c’était pour moi un sujet idéal, parce que j’avais envie de me pencher sur des enjeux concrets, et de voir mon travail appliqué sur des produits développés par un grand groupe industriel. » 

Une thèse financée par Thales

La thèse du jeune doctorant dispose, comme plus de 1 500 travaux de chercheurs par an, d’un statut Cifre (Conventions Industrielles de Formation par la Recherche), destiné à renforcer les échanges entre les laboratoires de recherche publique et les milieux socio-économiques. « Thales a financé le projet en partenariat avec l’AID [Agence de l’Innovation de Défense] : je suis resté durant trois ans entre le site de Limours et de la Sorbonne, à Jussieu. » En 2021, le jeune chercheur reçoit le Thales PhD Award aux côtés de deux autres doctorants, et c’est naturellement qu’il intègre l’équipe Intelligence Artificielle au sein du département ARC : « J’étais un des premiers à rejoindre la cellule. Tout était à construire, c’était assez grisant. »

Monter en puissance sur l’IA

Identifiée comme l’une des technologies de rupture qui vont bouleverser notre quotidien, l’Intelligence Artificielle est aujourd’hui au cœur des problématiques du Groupe : à court terme, Thales prévoit ainsi d’intégrer des fonctionnalités d’IA à une centaine de produits. Pour y parvenir, il faut mettre en relation les chercheurs dédiés à ce domaine, dans le cadre du plan « AI ramp up to business ». « Je trouve que c’est une bonne manière de voir les choses. Il était important de monter en puissance en termes de maturité et d’embauche dans le domaine de l’IA, sans pour autant succomber à la frénésie. On voit aujourd’hui chez la concurrence trop de décideurs se précipiter sur les nouvelles technologies sans bonne raison, juste pour suivre l’air du temps… C’est rassurant de voir qu’au sein de Thales, tous ces investissements sont raisonnés, et surtout, qu’ils contribuent à essaimer partout au sein du Groupe. On a le sentiment que tout est imbriqué, qu’il existe un véritable dialogue entre tous les secteurs et activités… »

Un environnement de travail sain

Est-ce qu’il conseillerait à un ingénieur ou à un chercheur de rejoindre le Groupe ? « S’il veut se concentrer sur la recherche appliquée, observer concrètement sur le terrain les effets des produits sur lesquels il a travaillé durant des mois, alors oui, bien évidemment. D’autant que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est excellent, j’ai sincèrement l’impression de travailler dans un environnement sain », raconte le jeune chercheur, qui habite Igny, à une vingtaine de kilomètres au nord de Limours. Selon lui, il est néanmoins important de souligner les spécificités d’un groupe qui évolue dans un domaine géostratégique, intimement lié aux problématiques de Défense. « Cela vient avec son lot de restrictions ! De nombreuses entreprises qui travaillent dans le secteur de l’IA peuvent par exemple se permettre d’utiliser des services cloud gérés par des GAFAM afin de stocker des données ou faire tourner des modèles d’intelligence artificielle. Mais, pour des raisons évidentes de souveraineté, il est impossible pour Thales de dépendre des serveurs américains. Contrairement aux entreprises évoluant dans d’autres secteurs, il est important pour nous d’assurer pleinement l’intégrité de nos infrastructures, la confidentialité des échanges, la propriété intellectuelle des données et des modèles… C’est parfois plus compliqué, mais le jeu en vaut largement la chandelle ! »