Faire collaborer drones et hélicoptères européens
L’avenir de la défense européenne passera en partie par la coordination entre plateformes habitées et machines inhabitées. C’est ce qu’a notamment démontré le programme MUSHER, lancé par la commission européenne et coordonné par Thales, et qui a fait collaborer sur des phases opérationnelles des drones et des hélicoptères issus de plusieurs pays européens. Tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour une défense commune.
Les avantages opérationnels majeurs apportés par les drones (Unmanned Aircraft System, UAS) rendent nécessaire leur inclusion dans les systèmes militaires modernes. Avec, parmi les nombreux défis que supposent une intégration efficace de ces dispositifs sans pilote, un besoin accru de les faire fonctionner en collaboration étroite avec les aéronefs qui restent pilotés par l’homme.
C’était tout l’enjeu du projet MUSHER (pour Manned unmanned system for helicopter), lancé en 2021 par la Commission Européenne dans le cadre du Fonds européen de défense, et dont Thales était chargé de la coordination. Le projet s'est terminé fin 2024, et les résultats ont été salués très positivement par les instances européennes.
Le projet visait à terme à mettre en place, à l’échelle européenne, un système générique de collaboration entre l’homme et la machine (Manned-unmanned teaming, ou MUM-T) pour permettre à des hélicoptères et des drones d’agir de concert en suivant des scenarii variés, grâce à des protocoles d’échanges communs et à une architecture compatible. Cette interopérabilité renforcée permettra à terme d’offrir une plus grande efficacité opérationnelle, tout en augmentant la sécurité en l’air et au sol, et en réduisant la charge de travail des équipages.
Au-delà de la coordination du consortium de centres de recherches et d’entreprises (incluant des acteurs majeurs de l’aéronautique et de la défense européennes, comme Airbus Helicopters, Leonardo, ou encore Indra), Thales a contribué techniquement au projet : le Groupe a développé, fourni et déployé la station de supervision qui a permis la surveillance en temps réel de l’ensemble des opérations faisant collaborer drones et hélicoptères, lors notamment de la série d’essais à grande échelle qui se sont déroulés, en France et en Italie, du 30 septembre au 9 octobre 2024. Cette plateforme inclut également un dispositif de contrôle doublé d’un outil de debriefing complet pour tirer parti des données collectées pendant ces tests.
Si ces essais ont d’ores et déjà prouvé la possibilité de faire interagir efficacement hélicoptères et drones provenant de différentes sociétés et de différents pays au sein d’un système MUM-T unique, le programme MUSHER va bien plus loin, en démontrant l’importance stratégique de la collaboration entre aéronefs autonomes et aéronefs pilotés par l’homme tout en posant les bases d’une interopérabilité accrue entre les acteurs de la défense européenne. Avec, à la clé, des perspectives de nouveaux déploiements industriels et de processus de standardisation dans lesquels Thales sera amené à jouer un rôle de premier plan.