Voler en 4D

Nous avons discuté avec Pascal Combe, chef de projet SESAR chez Thales, pour comprendre le rôle de l'I-4D dans la gestion moderne du trafic aérien et la contribution de Thales à son développement.

Pascal, en quoi consiste le concept I-4D ?

Le concept I-4D constitue une étape clé dans la modernisation de la gestion du trafic aérien européen. Il permet aux avions de synchroniser leur trajectoire de vol en quatre dimensions (latitude, longitude, altitude et temps) grâce à une communication en temps réel avec les fournisseurs de services de navigation aérienne (ANSP). L'intégration d'une composante temporelle précise améliore la prévisibilité des vols, améliorant ainsi leur efficacité et réduisant leur impact environnemental.

Comment I-4D améliore-t-il la gestion du trafic aérien ?

L'I-4D améliore la prévisibilité du trafic aérien en prédéfinissant des trajectoires de vol plus précises. Cela se traduit par des séquences d'arrivée améliorées, une réduction de la congestion de l'espace aérien et une optimisation de la consommation de carburant. Pilotes et contrôleurs aériens bénéficient d'une charge de travail réduite, car les avions suivent des trajectoires prédéfinies avec une intervention minimale, améliorant ainsi la sécurité globale.

Qu'est-ce qui différencie I-4D de la gestion de trajectoire 4D traditionnelle ?

L'objectif ultime est la gestion intégrale des trajectoires 4D, du décollage à l'atterrissage, y compris les opérations de surface aéroportuaires. Cependant, cela nécessite d'importantes mises à niveau des infrastructures. L'I-4D constitue une étape intermédiaire, axée sur la fusion des avions dans les zones encombrées grâce à des contraintes horaires précises, appelées Heure d'Arrivée Contrôlée (CTA). Cela améliore la fluidité du trafic aérien sans nécessiter de capacité 4D complète.

Quel est l'impact de l'I-4D sur l'avionique embarquée ?

Le système de gestion de vol (FMS) joue un rôle crucial dans les opérations I-4D. Thales a développé un FMS avancé capable de transmettre une trajectoire 4D complète, incluant jusqu'à 128 points de cheminement via la surveillance dépendante automatique (ADS-C). Ce système reçoit également les autorisations du contrôle aérien en temps réel, simplifiant ainsi la communication entre pilotes et contrôleurs. De plus, de nouveaux algorithmes garantissent une précision de l'heure d'arrivée requise (RTA) de 10 secondes, affichée directement sur les instruments du cockpit pour aider les pilotes à respecter leurs contraintes de temps.

Quels ont été les résultats des premiers essais I-4D ?

En 2012, Thales a participé à la première démonstration en conditions réelles de l'I-4D, démontrant son potentiel d'amélioration de la prévisibilité du trafic aérien. Un deuxième essai, réalisé en 2014, a validé avec succès l'échange de données air-sol, démontrant que les avions pouvaient respecter précisément les contraintes de temps pendant les phases de vol et d'approche. Ces essais ont confirmé la faisabilité d'une mise en œuvre à grande échelle et ont ouvert la voie à de nouvelles avancées.

Quelles sont les prochaines étapes de la mise en œuvre de l’I-4D ?

SESAR est entré dans une nouvelle phase avec SESAR 2020, qui intégrera l'I-4D à plus grande échelle. En 2019, des démonstrations majeures ont eu lieu en conditions réelles d'exploitation, et 250 avions devraient être équipés de l'I-4D d'ici 2022. Il s'agit d'une étape importante vers un système de gestion du trafic aérien entièrement connecté et performant.

La gestion de trajectoire I-4D est une étape clé vers l'optimisation du trafic aérien mondial. En améliorant la prévisibilité et en réduisant la congestion, cette technologie représente l'avenir de la navigation aérienne. Pascal Combe explique comment Thales conduit cette transformation.