L'ère du radar intelligent, l’ATL2 comme banc d'essai pour les fonctions IA de l’AirMaster S
© Anthony Pecchi - Thales
L'avion de patrouille maritime (MPA) approche de sa zone d'intérêt au-dessus de la mer Baltique, où des blocs de glace épars et des crêtes blanches indiquent des conditions agitées. L'opérateur radar se concentre sur l'optimisation de la recherche en utilisant des fonctionnalités radar intelligentes pour suivre des cibles potentielles parmi une masse de données écrasante. Cependant, cela exige un multitâche intense. L'opérateur considère qu'automatiser la sélection des fonctionnalités radar pourrait considérablement améliorer l'efficacité de ses efforts de recherche.
Comment un avion de patrouille actuel peut-il exploiter les données radar de nouvelle génération ?
Des hommes et de la technologie
L'ampleur et la diversité des missions que les marines sont appelées à accomplir aujourd'hui ne cessent de croître, et avec elles le nombre de systèmes conçus pour fournir une aide à la décision.
Les MPA n'échappent pas à cette tendance. L'Atlantique 2 de la Marine nationale rénové au standard 6, – accepté en novembre 2022 pour la Mise en Service Opérationnel (MSO) – est le parfait exemple de la transformation de ces avions en véritables couteaux suisses. Capable d’opérer aussi bien dans des contextes désertiques difficiles que dans des environnements maritimes complexes, l’ATL2 bénéficie à présent d’une large gamme de systèmes intelligents. Ayant fait leurs preuves sur le plan opérationnel, ces systèmes sont destinés à aider les équipages dans la détection de petites cibles, dans toutes les circonstances et dans tous les domaines.
Le radar AirMaster S, la dernière génération de SEARCHMASTER intégrant notamment les fonctions IA, offre par exemple à l'équipage de l'ATL2 au standard 6 un large éventail de nouvelles fonctionnalités sur terre et en mer.
« De même, pour un équipage utilisant le AirMaster S pendant plusieurs heures dans les environnements maritimes les plus complexes, il peut être assez difficile de tirer parti de l'ensemble des capacités du radar conçues pour aider à détecter même les plus petites cibles », explique Nicolas Léger, Expert Radar chez Thales. La quantité d'informations fournies serait tout simplement trop importante pour être gérée.
C'est pourquoi Thales, en collaboration avec la DGA (Direction générale de l'armement) et la Marine nationale, a innové en utilisant l'ATL2 STD 6 comme outil d’expérimentation pour tester l'intégration de l'intelligence artificielle (IA) dans la prochaine évolution du radar AirMaster S.
Contexte et calculs
« Est-ce que j'ai bien compris, Jonesy ? Un ordinateur de 40 millions de dollars vous dit que vous êtes à la poursuite d'un tremblement de terre, mais vous ne le croyez pas, et vous élaborez ça tout seul ? Y compris toutes les cartes de navigation ? » Cette célèbre citation tirée du film "À la poursuite d’Octobre Rouge", illustre parfaitement ce à quoi devrait ressembler le travail d'équipe homme-machine. Y compris lors de l'utilisation d'un smart radar à bord d'un MPA.
Pour Thales, l'introduction de l'IA dans les radars tels que le AirMaster S ne vise pas à remplacer l'intelligence humaine. L'incapacité de l'IA à contextualiser l'information la rend inapte au jugement. Son principal avantage réside dans sa capacité à collecter, traiter et analyser de grandes quantités de données dans des délais très courts afin de présenter aux opérateurs radar une image beaucoup plus synthétique. Comme Jonesy dans le film, l'opérateur de l'ATL2 STD 6 peut alors se concentrer sur la contextualisation des informations avant de décider s’il doit agir ou non.
L'introduction de l'IA dans le AirMaster S peut également aider les opérateurs radar en auto-adaptant et en combinant les fonctions de détection, de poursuite et d'identification radar en fonction de l'environnement opérationnel et du scénario tactique.
Collaboration et développement
« L'IA est une automatisation du processus cognitif », souligne Nicolas Léger. Pour permettre des opérations intelligentes, l'IA du radar doit être entraînée avec un flux constant de données représentant de multiples scénarios – menaces, environnements, obstacles, etc. « C'est ce sur quoi travaillent Thales, la DGA et la Marine nationale. Toutes les informations recueillies par le AirMaster S lors des essais avec l'ATL2 sont utilisées pour continuer à améliorer nos algorithmes, de sorte que le radar reste au fait des menaces et des défis », précise t-il.
En étroite collaboration avec son client français, Thales veille également à ce que l’innovation numérique à travers l'intégration de l’IA ne soit pas une fin en soi. Chaque nouveau cas d'utilisation est testé dans le contexte des besoins réels du client, afin que la solution finale change véritablement la donne pour les utilisateurs finaux. Ainsi, même si les opérations maritimes ont été identifiées comme la priorité pour l'intégration de l'IA, Thales et son client envisagent également l'intégration de l'IA pour les opérations terrestres.
© Anthony Pecchi - Thales
Alors que précédemment les opérateurs radar de l'ATL2 ne pouvaient suivre que quelques dizaines de cibles simultanément, le AirMaster S permet de suivre jusqu'à 1 000 cibles simultanément.
Nicolas Léger - Expert radar chez Thales
Grâce à cette fonction, l'IA garantit que toutes les possibilités de programmation numérique du AirMaster S, ainsi que tout leur potentiel, sont utilisés afin d’améliorer considérablement la détection et, par conséquent, le succès de la mission. Grâce à nos tests avec le AirMaster S à bord de l'ATL2 et à notre collaboration constante avec notre client, nous avons développé une méthode de conception qui nous permet de croire en la valeur ajoutée de l'IA pour les opérations du MPA.